Mon aventure de chasse au caribou à la Baie James

Pour la première fois cette année, j’ai eu le bonheur et la chance de sortir gagnant au tirage au sort pour la chasse d’hiver au caribou, dans la zone 22A, au Nord du Québec.

Mon frère fut le chasseur chanceux qui put m’accompagner lors de cette nouvelle expérience de plein air.

J’avais bien planifié l’expédition. La chasse s’est révélée très facile. Nous étions au bon moment et au bon endroit pour rencontrer les bêtes pendant leur migration. Mon frère et moi sommes revenus avec chacun deux caribous, limite légale. Une bonne quantité de bonne viande pour nourrir nos familles.

La région est très belle, et la nature incroyable avec une faune abondante. Les paysages sont à couper le souffle. En raison de l’absence de montagnes élevées et d’une végétation basse en plusieurs endroits, le regard porte très loin. On a le sentiment d’isolement et l’immensité du territoire est entrecoupée de rivières sauvages qui doivent toutes regorger de poissons. Sans compter les lacs qu’on voit partout. Beaucoup d’eau douce.

paysage chasse au caribou à la Baie James


Cependant, il y fait froid. La température s’est maintenue entre -15 et -20 degrés Celsius durant notre séjour au mois de novembre. En plus, c’est très venteux. Nous avons couché deux nuits dans une tente. La deuxième nuit, j’avais laissé un thermomètre sur le plancher de la tente (à l’intérieur) devant mon sac de couchage. A mon réveil le matin, j’ai tout de suite fait une lecture du thermomètre; -17 C. La condensation provoquée par notre respiration s’était cristallisée en glace partout, sur l’intérieur de la tente et sur le dessus de nos sacs de couchage. Il faisait chaud à l’intérieur de nos sacs de couchage. J’ai sorti les bras le temps d’allumer une chaufferette. Puis j’ai laissé la température monter un peu avant d’en sortir… Comme on dit, ce n’est pas une place pour les frileux!

Nous étions bien équipés pour passer au travers de ces épreuves. Le jour, comme nous étions bien vêtus et que nous restions actifs, nous n’avons pas eu froid.

Remarquez sur les photos les ombres qui s’étirent. Pourtant, c’est en plein jour. C’est parce que le soleil ne monte pas bien haut à l’horizon à ce temps de l’année à cette latitude (au Nord du 53e parallèle). Ça nous rappelle qu’on n’est pas si loin du pôle Nord.

Ça me fait penser à une constatation amusante que j’ai faite. Les caribous sont dotés de très grands sabots pour ne pas s’enfoncer dans la neige. J’étais immobile derrière une épinette noire. Pas vraiment bien caché avec mon grand dossard orange fluorescent…

Après deux minutes d’attente, un troupeau de caribous s’amène. Il y avait déjà des pistes fraîches dans les sentiers laissés par d’autres caribous de part et d’autre de ma position. Incroyable, les caribous passent devant et derrière moi. J’en vois devant moi à pas plus de 10 pieds (3 mètres)! J’entends tic tic tic à chaque pas qu’ils font. Ce sont les pointes de leurs grands sabots qui s’entrechoquent. On dirait vraiment le tintement du traîneau du Père Noël. Ce sont des rennes après tout. Ils n’agissent pas comme les autres cervidés que j’ai chassé (cerf de Virginie et orignal). Ils n’ont pas semblé me sentir. Ils ne se tracassent pas de la direction du vent. Ils suivent les sentiers qui vont dans la direction générale de leur migration. Plusieurs m’ont vu. Ils ont stoppé et m’ont observé brièvement. Comme je restais immobile, ils ont probablement jugé que je ne représentais pas un danger pour eux et ont poursuivi leur route.

aventure de chasse au caribou à la Baie James

Ça y est! Je suis tombé sous le charme. Il va falloir que je répète cette aventure, de temps à autres. C’est magique. Ça ne ressemble à rien de ce que j’ai vécu ici « dans le Sud ».

Il faut cependant être capable de conduire pendant de longues heures, parfois par des conditions de route hivernales difficiles. Une chance que j’avais de bons pneus d’hiver munis de clous. Aller-retour, nous avons parcouru 3173 Km. Il faut de plus se munir de bidons d’essence pour relier les stations d’essence qui sont distantes de plusieurs centaines de kilomètres. Nous avions une réserve d’essence (à part le réservoir du camion lui-même) qui totalisait 125 litres. Nous n’en avons pas eu de trop. La station d’essence de la halte située au kilomètre 381 de la route de la Baie James manquait d’essence. Grâce à nos réserves, nous avons pu poursuivre notre route jusqu’à Matagami, au lieu de perdre une journée immobilisés à cet endroit. Il nous a fallu deux jours pour s’y rendre et autant pour en revenir.

Un mot en terminant pour ceux qui n’ont pas la chance d’être choisi au tirage au sort; Vous pourrez chasser en pourvoirie. Il y en a quelques-unes dans cette région, qui ont fait de cette chasse leur spécialité. Les prix varient d’une pourvoirie à l’autre, et en fonction des services offerts. Renseignez-vous.
Vous aurez à débourser plus d’argent, mais votre séjour n’en sera que plus confortable, étant logés dans des camps bien chauffés. Les services de guides, la location de motoneiges, et la préparation de vos caribous pour le transport sont des options que plusieurs apprécieront. Il est d’ailleurs possible pour les chasseurs de la zone 22A de se rendre dans certaines pourvoiries (comme la pourvoirie Mirage) où l’on préparera la viande (coupe sommaire) et on la placera ensuite dans des boîtes cirées pour la somme de $50. par caribou. Votre viande sera ainsi mieux protégée pour le long voyage de retour. C’est ce que je vais faire la prochaine fois que j’irai « au caribou ». Pour ce qui est des non-résidents du Québec, ils ont l’obligation de recourir aux services d’une pourvoirie. J’ai même vu sur Internet que des agences de voyage européennes vendent des forfaits tout inclus.

Une mise en garde pour finir; sur la route transtaïga, méfiez-vous et ne roulez pas trop vite. Vous pourriez voir soudainement apparaître un troupeau de caribous sur la route.

Ce voyage fut pour nous une vraie aventure dans la nature à l’état sauvage!

Je vous souhaite de vivre une aussi belle expérience.
Bonne chasse et bon tir! affûté.

tente chasse au caribou à la Baie James

11 Réponses à “Mon aventure de chasse au caribou à la Baie James”

  1. Bernard dit :

    combien de jour êtes-vous resté la-bas ?
    combien de nuit dans la tente ?
    combien de non survivant ?

  2. affûté dit :

    Départ 21 nov. Une nuit à l »Hôtel de Matagami à l »aller. Deux nuits en tente dans le bois en bordure d »un chemin forestier (pas stationné sur la route transtaïga). Une nuit de plus dans un motel à Matagami sur le chemin du retour. Arrivée au bercail le 25 nov. juste à temps pour le repas du soir.

    Les seuls qui y ont perdu la vie sont les quatre caribous mâles adultes et une gélinotte huppée.

    Ah, j »oubliais une crevaison à un pneu de la remorque qui nous a fait perdre une heure environ et $25. pour réparer, au retour.

    La plus grande dépense était l »essence. Nous avons été chanceux. Le prix du litre d »essence régulière était entre $0.79 et $0.82

    Je dirais qu »il est préférable de prévoir une semaine de vacances pour cette chasse. Il faut être sûr de ne pas être stressés pour revenir vite à tout prix. Ce sont des vacances après tout, et on ne va pas à la chasse pour se stresser.

    Les mauvaises conditions météo, de la route, des difficultés à localiser les caribous si vous n »êtes pas en pleine migration et autres imprévus pourraient allonger votre séjour.

    N »oubliez pas vos caméras pour rapporter des souvenirs et les montrer à votre famille et vos amis. Les paysages en valent la peine. Arrêtez-vous à la halte routière pour admirer la rivière Rupert. Cela en vaut vraiment la peine. De plus, cette beauté ne pourra être admirée pour encore bien longtemps puisque Hydro-Québec va y construire un barrage hydro-électrique bientôt.

    De plus, au retour il faut prendre le temps de préparer vos caribous pour le boucher, ou plus encore si vous faites les coupes vous-même.

    Bonne chance!
    affûté.

  3. Frédéric dit :

    est-ce que vous avez été pêché aussi ou bien tout est gelé ?

  4. affûté dit :

    Salut Fréréric,

    Oui, les lacs étaient gelés, mais les rivières étaient encore libres de glace, là ou il y avait au moins un courant modéré. En plus, c’était plein de belles places où on aurait pu pêcher à gué sur le bord de beaux grands remous au pied des rapides…

    Toutefois, la température ne permettait pas l’usage d’une canne à pêche, car la glace se serait formée sur le fil et le moulinet, rendant la pêche impossible. De toute façon, il fallait garder nos mitaines autrement nos doigts gelaient après quelques minutes. S’il avait fallu avoir les mains mouillées en plus…

    Il aurait été possible de pêcher avec des brimbales sur les lacs gelés. Mais c’était encore tôt en saison pour ça. C’aurait été dangereux car l’épaisseur de la glace est inégale.

    De plus, mon frère avait des contraintes qui nous pressaient dans le temps.

    C’est pas trop grave. Ça me donne un prétexte pour y faire un autre voyage, mais pour la pêche cette fois.

    Si tu veux t’y rendre durant la belle saison, attends toi à trouver beaucoup de moustiques (il faut comprendre vraiment beaucoup!). Il te faudra t’équiper pour y faire face, autrement ça peut ruiner ton voyage.

    J’ai vraiment hâte d’y retourner et de mettre ma ligne à l’eau!

    affûté.

  5. affûté dit :

    Une année s’est écoulée depuis cette expérience magique! J’ai bien hâte d’y retourner…

    Pour un passionné de la chasse, c’est une expérience à vivre au moins une fois dans la vie.

    Il me reste à aller chasser sur l’île d’Anticosti pour concrétiser un autre rêve qui m’est venu alors que je n’étais âgé que d’une quinzaine d’années.

    Mais maintenant, Anticosti ça me semble bien « pépère » comparé à l’aventure de la chasse dans le grand Nord!

    A suivre…

  6. Patient dit :

    Salut Frédéric,
    Beau sommaire de votre chasse! Ça me motive à patienter encore pour un autre tirage au sort… Tes descriptions du paysage et des rivières ont ravivé ma mémoire de mes voyages dans la région. J’ai eu le privilège (peut-être le dernier?) de voir la majestueuse Rupert dans toute sa splendeur en canot avant qu’on la draine pour assouvir notre soif d’énergie.
    Combien de tentatives as-tu effectuées avant qu’on tire ton nom au sort? C’est ma deuxième, sans résultat…

  7. affûté dit :

    Je crois que ça faisait environ 8 ans que participais au tirage au sort quand je suis sorti gagnant en 2008. Il y a deux ans, il y avait eu plus de 60,000 participations pour 1000 chanceux… Les chances sont assez faibles. C’est comme prendre un billet de lotterie. D’ailleurs, je viens de recevoir le résultat du tirage de cette année; non-gagnant pour une deuxième année de suite (2009+2010). Cinq autres chasseurs que je connais, et qui ont aussi participé à ce tirage n’ont pas été plus chanceux.

  8. Patient dit :

    Merci de ton éclairage. Je n’en suis qu’à mon deuxième essai. J’irai peut-être tâter de la chasse au lagopède, simplement pour apprécier la région en hiver, en attendant…

  9. Henri P. dit :

    Bonjour,
    Pour la peche cela est-il possible car je ne sais pas si elle et permise fin novembre et decembre ? Aussi avez-vous envisager de chasser d’autres animaux comme renards, perdrix, lièvres ?

  10. affûté dit :

    Bonjour Henri,
    Pour la chasse au petit gibier, vous trouverez les détails sur le site suivant;
    http://www.mrn.gouv.qc.ca/publ.....gibier.asp
    Mon frère avait des contraintes l’obligeant à retourner à la maison le plus rapidement possible. Je n’ai eu qu’une occasion de tuer un petit gibier. J’ai récolté une gélinotte huppée à courte distance de la route de la Baie-James. J’ai été surpris de trouver ce gibier à une lattitude aussi nordique.

    Nous avons vus des lagopèdes des saules, et des renards. Il y avait des traces de lièvres presque partout sur les abords des routes. J’étais triste de ne pas pouvoir m’y arrêter pour chasser. Mais une halte pour aller chasser aurait représenté une journée de plus pour le voyage. Et c’était hors de question pour mon frère.

    Pour ce qui est de la pêche, vous trouverez également les détails pour la réglementation en cherchant un peu.

    Toutefois pour avoir pêché en eau libre par des températures sous le point de congélation, je sais que ce n’est pas facile. L’eau gèle sur le fil de pêche. Les anneaux guides se glacent et empêchent le fil de circuler. Le fil se coince sur la bobine du moulinet, gênant les lancers. Les doigts s’engourdissent à grande vitesse… Il y a aussi le danger de glisser dans la rivière et de partir avec le courant. L’hypothermie doit nous paralyser en très peu de temps, ce qui représente un danger de noyade encore plus élevé.

    Par de tels froids, seule la pêche sur la glace avec des brimbales est possible. Mais je ne la conseille pas parce qu’à ce temps de l’année, la glace peut être encore trop mince. De plus, ce sont des endroits qui nous sont inconnus et il peut y avoir des sources ou des courants qui font que la glace est plus mince par endroits. Trop dangereux d’y aller seul.

    Si vous y tenez absolument, retenez les services d’un guide. Il y a plusieurs pourvoiries en activité dans cette région. Vous pouvez trouver leur numéro de téléphone. Renseignez-vous.

    Lorsque vous vous rendrez dans cette région, il y a fort à parier que vous éprouverez tout comme moi la sensation d’être un explorateur rendu au bout du monde. Le bruit du vent dans les arbres, le regard qui porte à des kilomètres dans cet air glacial libre de pollution. C’est la nature sauvage dans toute sa splendeur.
    La période d’inscription pour le tirage au sort de la chasse d’hiver au caribou approche… Je vais encore y participer c’est certain!

  11. Alain dit :

    merci affûté pour cette réponse des plus complètes…

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